Abdelhakim Almahdi Ibrahim Alcherif

Chef de Département de français


Permanent Lecturer

Qualification: Doctorate

Academic rank: Associate professor

Specialization: Littérature Comparée - Littérature française

Department of French Language - School of Language

Publications
La réecriture de mythes et de légendes dans la littérature arabe et francophone
Conference paper

Les mythes et légendes sont des piliers incontournables dans la construction des cultures et des imaginaires collectifs. Ces récits intemporels traversent les époques et les frontières, incarnant des valeurs, des questionnements existentiels et des symboles universels. Dans la littérature arabe, des œuvres comme Les Mille et Une Nuits se sont imposées comme des classiques, non seulement pour leur richesse narrative et leur diversité de thèmes, mais aussi pour leur capacité à refléter des enjeux humains et sociaux complexes. Ces récits, tout en s'inscrivant dans une tradition ancienne, continuent d’inspirer des réinterprétations modernes.

Avec la colonisation et la diffusion de la langue française au Maghreb, de nombreux écrivains maghrébins, tels qu'Albert Memmi, ont trouvé dans la réécriture de ces mythes une manière de revisiter leur héritage culturel tout en le confrontant aux réalités contemporaines. Memmi, écrivain et essayiste tunisien d'expression française, est connu pour son exploration des questions identitaires et coloniales. À travers ses écrits, il revisite et réinterprète des récits mythiques, tels que ceux des Mille et Une Nuits, pour aborder des thématiques liées à l’identité, à l’altérité et aux conséquences de la colonisation. Ses réécritures se positionnent comme des outils critiques permettant de réexaminer les dynamiques de pouvoir, tout en soulignant la tension entre tradition et modernité dans un contexte postcolonial.

L’objectif de cette étude est d’analyser la manière dont des auteurs comme Albert Memmi réinterprètent les mythes arabes, notamment ceux des Mille et Une Nuits, et de comprendre l'impact de ces réécritures sur la littérature maghrébine moderne. Il s’agira d’examiner comment ces écrivains adaptent les motifs mythologiques et légendaires aux préoccupations sociales et politiques de leur époque, et comment, à travers ces récits réinventés, ils redéfinissent l’identité culturelle dans un espace postcolonial. Ces réécritures ne se limitent pas à une simple actualisation de récits anciens, mais représentent un dialogue avec le passé, qui vise à redonner une voix aux récits minoritaires et à questionner l’héritage colonial.

Abdelhakim Almahdi Ibrahim Alcherif, (12-2024), مجلة الجامعة جامعة غريان: مجلة الجامعة, 1-13

Le Romantisme français au 19ème siècle : Un mouvement littéraire et culturel majeur
Journal Article

Le Romantisme, mouvement littéraire, artistique, et culturel qui émerge en France au début du 19e siècle, est une réaction contre les règles rigides du classicisme et la froide rationalité des Lumières. Il met l'accent sur l'émotion, l'individualisme, la nature, et la subjectivité, et explore des thèmes variés comme l'exaltation de l'amour, la nostalgie du passé, la révolte politique et sociale, ainsi que la contemplation de la nature. Le Romantisme marque un tournant décisif dans l'évolution de la littérature et de l'art en France, influençant profondément non seulement les écrivains, mais aussi les peintres, les musiciens, et les dramaturges.

Cet article s'efforcera de présenter une analyse approfondie du Romantisme français à travers son contexte historique et culturel, ses caractéristiques, ses thèmes majeurs, ainsi que ses figures emblématiques.

Le Romantisme, mouvement littéraire, artistique et culturel apparu en France au début du 19e siècle, constitue une rupture marquante avec les règles strictes et normatives du classicisme ainsi qu’avec la rationalité des Lumières. Il incarne une aspiration à un retour à la sensibilité, à l'expression des émotions profondes et à l'exaltation de l'individualité, au moment où la société française traverse des bouleversements majeurs, marqués par la Révolution française, l’Empire napoléonien, et la Restauration. Ce mouvement, qui s’étend bien au-delà de la littérature, s'exprime également dans la peinture, la musique et le théâtre, et pose les bases de nombreuses évolutions artistiques du 19e siècle.

Abdelhakim Almahdi Ibrahim Alcherif, (12-2024), جامعة سرت: مجلة جامعة سرت للعلوم الانسانية, 14 (2), 165-176

Analyse de la représentation des luttes féminines dans les récits de Fatima Mernissi et Tahar Ben Jelloun : Tradition et modernité
Journal Article

La question de la représentation des luttes féminines occupe une place centrale dans les œuvres de nombreux auteurs du monde arabe, en particulier ceux qui interrogent les dynamiques de transformations sociales et culturelles au sein de leurs sociétés. Fatima Mernissi, sociologue et écrivaine marocaine, et Tahar Ben Jelloun, romancier et poète marocain, se distinguent par leur engagement à explorer les tensions entre tradition et modernité, tout en accordant une place cruciale aux expériences des femmes.

Fatima Mernissi, à travers ses essais et récits, se fait la porte-parole des femmes arabes et musulmanes, dénonçant les normes patriarcales qui les marginalisent et enserrent leur liberté. En tant que sociologue, elle interroge les fondements des inégalités de genre, analysant les textes religieux, historiques et culturels qui ont façonné les rôles des femmes dans les sociétés musulmanes. Son œuvre, tout en étant profondément ancrée dans le contexte marocain, possède une portée universelle, mettant en lumière la lutte des femmes pour l'égalité dans des sociétés où les traditions patriarcales se confrontent à la modernité.

De son côté, Tahar Ben Jelloun, par ses romans, développe des personnages féminins puissants et nuancés qui sont souvent en lutte contre les contraintes imposées par la société. Dans ses écrits, il met en scène des femmes prises dans le carcan de la tradition mais qui aspirent à l'émancipation, souvent au prix de grands sacrifices personnels. Ben Jelloun s'intéresse également à la psyché féminine, capturant la complexité des sentiments et des désirs des femmes, notamment dans des contextes où les valeurs traditionnelles semblent en contradiction avec les aspirations modernes.

Cette étude comparative vise à analyser comment Fatima Mernissi et Tahar Ben Jelloun abordent les luttes féminines à travers leurs œuvres, en mettant en lumière la dialectique entre tradition et modernité. Il s'agit d'explorer les stratégies narratives qu'ils emploient pour rendre compte des résistances et des aspirations des femmes dans des sociétés en pleine mutation, tout en soulignant les similitudes et différences dans leurs représentations de ces luttes.

عبدالحكيم المهدي ابراهيم الشريف, (12-2024), جامعة طرابلس: جامعة طرابلس كلية اللغات, 30 (1), 245-258

L'Orientalisme et la représentation de l'Autre dans la littérature française et arabe
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L'orientalisme, tel que défini par Edward Said dans son ouvrage Orientalism (1978), décrit une vision stéréotypée et souvent déformée de l'Orient par les auteurs et les intellectuels occidentaux. Selon Said, l'orientalisme n'est pas simplement une description des cultures orientales, mais une construction idéologique façonnée par des motivations politiques, culturelles et économiques, servant à asseoir la domination de l'Occident sur l'Orient. Ce discours orientaliste, profondément enraciné dans la littérature, l'art et la pensée occidentale, a contribué à figer l'image de l'Orient comme un lieu exotique, mystérieux et figé dans le temps, souvent opposé à un Occident dynamique et rationnel.

Cette étude se propose d'analyser la représentation de l'Orient dans la littérature française et arabe à travers les œuvres de Gustave Flaubert et André Gide, deux écrivains français dont les voyages et les écrits ont marqué la vision occidentale de l'Orient. En explorant des œuvres telles que Salammbô de Flaubert et Voyage au Congo de Gide, nous mettrons en lumière la manière dont ces auteurs ont contribué à véhiculer certains clichés orientalistes, tout en cherchant parfois à saisir la complexité des cultures qu'ils décrivent. Ces textes seront confrontés aux critiques formulées par des écrivains et penseurs arabes comme Edward Said et Tahar Ben Jelloun, qui ont analysé les dynamiques de pouvoir à l’œuvre dans ces représentations et ont dénoncé les biais qui les sous-tendent.

Abdelhakim Almahdi Ibrahim Alcherif, (12-2024), طرابلس: الجمعية الليبية للعلوم التربوية والإنسانية, 10 (5), 21-32

VICTOR HUGO, LE MAJNÛN ET LE FOU D’ELSA
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VICTOR HUGO, LE MAJNÛN ET LE FOU D’ELSA

 

        Victor Hugo avant Aragon connaît et est influencé par l’histoire de Majnûn arabe. A ce titre Omar Chakhachiro écrit dans sa thèse intitulée : Proche et moyen orient dans l’œuvre de Victor Hugo :

« Souvenons-nous en particulier de l’attachante figure de Gastibelza, le fou de Tolède, l’homme à la carabine qui erre à la recherche, de dons Sabine, sa senora. Il n’est pas, à l’instar de Zafari, fasciné par la liberté, le grand air et le soleil ; c’est l’amour qui le rend fou. Le souvenir de la personne aimée et perdue lui arrache des couplets déchirants. Il ressemble par bien des traits au Fou de Leïla, cet arabe, qui, empêché de voir sa bien-aimée, erre à travers le désert en chantant sa douleur et son amour. »

 

        Puis l’écrivain de ces mots choisit un passage de l’œuvre de Hugo pour confirmer son hypothèse :

        « Gastibelza, l’homme à la carabine, chantait ainsi :

        Quelqu’un a-t-il connu dona Sabine ?

                  Quelqu’un d’ici ?

        Dansez, chantez, villageois ! La nuit gagne

                  Le mont Falù.

        Le vent qui vient à travers la montagne

                  Me rend fou !

        Je ne sais pas si j’aime cette dame

                  Mais je sais bien

        Que pour avoir un regard de son âme,

                  Moi, pauvre chien,

        J’aurais gaiement passé dix ans au bagne

                  Sous le verrou…

        Le vent qui vient à travers la montagne

                  Me rendra fou. »[]

 

        En conséquence Hugo avant Aragon a l’originalité de s’identifier dans le personnage de Majnûn et de situer son fou en Andalousie à Tolède. C’est peut-être ceci qui incite Charles Haroche à écrire :

« Le Fou d’Elsa peut être comparé au Grand testament de Villon, à la Fin de satan ou à la Légende des siècles de Victor Hugo. Mais il diffère de ces poèmes – somme par le renouvellement du genre, par ses ramifications universelles et le caractère qu’Aragon donne aux mythes sur lesquels il s’appuie pour les détruire. »

 

        Pourtant, Charles Haroche n’établit pas cette comparaison, qu’il annonce au début de son livre.

        Au-delà du thème du Majnûn de Hugo à Tolède et de celui d’Aragon à Grenade, l’Espagne arabe est un point commun entre les deux poètes. Mais pourquoi cette Espagne ?

        Hugo répond indirectement dans sa préface Les Orientales :

« (…) Car l’Espagne, c’est encore l’Orient, l’Espagne est demi-africaine, l’Afrique est à demi-asiatique. »]

 

        Aragon éprouve une certaine attirance pour les écrits de Hugo. Aragon décrit ainsi cette admiration pour Hugo :

« Ainsi Victor Hugo m’est toujours comme une immense fable, dont la morale est celle de la vie, et il me met en garde contre les jugements qui veulent fixer les hommes, qui ne leur font pas confiance, qui ne tiennent pas compte du développement possible, de la force transformatrice de la vie et de l’histoire. »

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Abdelhakim Almahdi Ibrahim Alcherif, (05-2020), جامعة سرت: كلية الاداب جامعة سرت, 14 (1), 56-71

Le Majnoun de Layla en Europe
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La tradition du Majnoun dans la littérature française selon Jacques Huré[1] débute avec l’écrivain Jean Potocki. Ce dernier est polonais qui a mentionné pour la première fois l’histoire de Majnoun et Layla, semble-t-il dans un texte littéraire écrit en français. Mais Potocki ne prend pas le Majnoun de ses sources arabes. Il s’appuie sur les imitateurs persans de ce Majnoun arabe[2].

 

Ce thème de Majnoun va ressurgir chez un poète français, Gérard de Nerval. Pour ce dernier, le Majnoun est bien l’amoureux célèbre du désert arabe dans lequel il va tendre à s’identifier une fois lors de son séjour au Liban. Nerval fait allusion au Majnoun trois fois dans son œuvre intitulée Voyage en Orient[3]. Jacques Huré écrit à ce propos, dans La tradition arabo-persan de Majnoun Layla en France :

« Par deux fois, Nerval mentionne la tradition, sans montrer toutefois pour elle une attention évidente. Les passages concernés ne relèvent pas véritablement du corps du texte. En outre, au sein même de la phrase, ils ne représentent qu’une brève séquence dans une énumération. »[4]


[1] - Jacques HURE, La tradition arabo-persan de Medjnoun Leïla en France, Bulletin of the Faculty of Education, University of Tripoli, Libya, vol. 4, 1974, passim.

[2] - Jean POCKI, Manuscrit trouvé à Saragosse, texte établi, présenté et préfacé par Roger Gaillois, Paris, Gallimard, 1958 (1er édition) et 1967 (2ème édition), passim.

[3] - Jacques HURE, La tradition arabo…, Ibid, p. 19.

[4] - Jacques HURE, La tradition arabo…, Ibid, p. 19. Aussi Gérard de NERVAL, Œuvres, tome 2 (voyage en Orient – Lorely, Notes de voyage – Les illuminés – illuminés et illuminisme), texte établi annoté et présenté par Albert Béguin et Jean Richer, Paris, Gallimard, Pléiade, 1956, p. 632. 


Abdelhakim Almahdi Ibrahim Alcherif, (01-2018), جامعة سرت: جامعة سرت, 8 (1), 111-125

LA FIGURATION DU CORAN DANS L’ALHAMBRA DE WASHINGTON IRVING ET LE FOU D’ELSA D’ARAGON.
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Le Coran, le livre saint des Arabes et par la suite, de tous les musulmans. Washington Irving l’a déjà emprunté dans ses contes de l’Alhambra.

        C’est dans le conte de la légende de l’astrologue arabe que se trouve la présence du Coran. Washington Irving évoque ce livre sacré dans une conversation entre le roi de Grenade Aben Habuz et l’astrologue arabe Ibrahim Eben Abu Ajub :

« - As-tu entendu parler, ô roi, du jardin d’Iram, un des prodiges de l’Arabie heureuse ?

- J’ai entendu parler de ce jardin : il est mentionné dans le coran, au chapitre intitulé (l’aurore du jour). J’ai entendu à son sujet des récits fantastiques de la bouche des pèlerins qui sont allés a la Mecque : mais j’ai cru que ce n’étaient que des fables, comme en racontent souvent les voyageurs qui viennent de loin ».

 

Aragon utilise cette même sourate du coran, exactement comme l’a fait Washington Irving. Le poète français écrit dans le Fou d’Elsa :

« Commentaire de zaid : Mon maître avait lu ces vers à des poètes qui l’en querellèrent l’étrangeté de ses rimes. Il leur dit : Est-ce que le soleil levant rime suivant la règle avec la terre qu’il inonde ? Appelez ce poème Al-Fadjr, c’est-à-dire l’aube, comme la quatre vingt neuvième sourate, qui commence par l’invocation du pair et de l’impair). Il ajouta qu’ici les rimes avaient cette imparité merveilleuse qu’il y a entre l’homme et la femme et qui donne à la femme l’avantage du dernier mot. Il me dit encore, plus tard y revenant, que la seule rime parfaite est l’homme et la femme qui ne riment point suivant les traités et que pour lui toute poésie est art de vivre double. Qu’un jour va venir où cette perfection nommée couple sera l’innombrable roi de la terre. »[1]  

[1] -Aragon Louis L’Œuvre Poétique, Tome XIV, p. 111.

عبدالحكيم المهدي ابراهيم الشريف, (04-2017), جامعة مصراتة: جامعة مصراتة, 9 (1), 23-41

L’INTERTEXTUALITE LES MILLE ET UNE NUITS DANS LE FOU D’ELSA
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Il est intéressant de chercher qu’elle est l’ampleur occupée par les Mille et une nuits dans l’œuvre d’Aragon, le Fou d’Elsa, et de savoir ce que le poète français a pris de ce livre arabe afin de créer son long poème le Fou d’Elsa. Car nous pensons que ce n’est pas par un pur hasard que nous trouvons dans ces deux livres, des noms, des symboles, des éléments semblables, malgré la différence de langue, puisque l’un de ces ouvrages a été rédigé en arabe, l’autre en français.

 

          Ce chef d’œuvre arabe, les Mille et une nuits, est une flamme qui a illuminé les chemins littéraires de générations d’écrivains, d’artistes occidentaux. Ce livre magique des arabes joue et jouera encore un rôle très important non seulement dans la littérature arabe et occidentale mais aussi internationale. Car il est l’un des rares livres qui fait rêver les lecteurs de toutes les nations dans un monde idéal loin de la banalité, de la réalité quotidienne.

 


Abdelhakim Almahdi Ibrahim Alcherif, (03-2017), جامعة سرت: Sirte University, 11 (1), 52-70